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N° 368 - du 4 décembre 2014 au 10 décembre 2014


William Blake, Nabuchodonosor, 1795–c. 1805, estampe, encre et aquarelle sur papier, 543 x 725 mm, Tate.

L'AIR DU TEMPS

Blake, le visionnaire

OXFORD - La charge des grands artistes britanniques ne faiblit pas. Après Turner et Constable, deux exacts contemporains mis en lumière à Londres, c’est William Blake, leur aîné de quelques années (1757-1827), qui est célébré à Oxford. L’exposition retrace le parcours qui a vu s’affirmer cet artiste du bizarre : sa formation chez un graveur, ses heures passées dans les églises médiévales de Londres (qui devaient durablement le marquer), puis sa productivité en images oniriques, favorisée par un éditeur éclairé, Joseph Johnson. Inspirées par l’Antiquité, la mythologie et le roman gothique de son temps, elles abondent en figures inquiétantes, cauchemardesques, accompagnées de poèmes et de « prophéties » qui feront plus tard les délices des surréalistes. L’un des clous de la scénographie est la reconstitution de son atelier londonien. L’immeuble qui l’abritait, sur Hercules Road, à Lambeth, a été rasé en 1918. On désespérait de jamais comprendre sa disposition jusqu’à la découverte toute récente des plans. Blake l’inclassable est plus vivant que jamais…
William Blake à l’Ashmolean Museum, du 4 décembre 2014 au 1er mars 2015.

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EXPOSITIONS

Contes de fées, éternellement modernes

EVIAN - Cendrillon, le Petit Poucet, la Belle au bois dormant mais aussi, dans un registre moins plaisant, Barbe-Bleue ou le loup qui croque le Petit Chaperon rouge… Les contes de fées ont bercé notre enfance. Qui se souvient qu’à l’origine ils avaient pour public des villageois adultes sur la place du village ? Domaine de l’enchanté mais également allégorie de la vie, les contes peuvent se prêter à toutes les interprétations (dont celle, psychanalytique, de Bruno Bettelheim). En réalité, les adultes n’ont jamais cessé de s’y intéresser, en consommateurs ou en producteurs, comme le rappelle cette exposition qui mêle des œuvres du passé (un méchant ogre par Gustave Doré ou une gentille Peau d’âne, par Jean-Antoine Laurent en 1819), du XXe siècle (le décor de Jean-Denis Masclès pour le ballet Cendrillon de Frederick Ashton sur musique de Prokofiev à Londres en 1948) ou très actuelles. Jim Dine, 80 ans, est ainsi obsédé depuis trois quarts de siècle par Pinocchio, qu’il a mis en scène d’innombrables fois. Et les jeunes générations, à l’image de Katia Bourdarel ou de Guillaume Baychelier, continuent sur la lancée. Hansel et Gretel ne sont pas has been : leur dernier avatar est en forme de vidéo…
Contes de fées au Palais Lumière, du 6 décembre 2014 au 6 avril 2015.

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Bon Boullogne, Le triomphe d'Amphitrite, © RMN-Stéphane Maréchalle

Bon Boullogne, portrait d’un inconnu

DIJON – Sous Louis XIV, la peinture d’histoire jouit d’une cote inégalée, notamment représentée par le tout-puissant Le Brun. A la fin du règne, se révèle une escouade de nouveaux peintres, dont Jouvenet et Antoine Coypel. L’un des moins documentés du groupe est Bon Boullogne (1649-1717). On lui doit pourtant une utilisation systématique du nu mythologique, qui allait alimenter une école florissante au début du XVIIIe siècle. Cette rétrospective fait le point sur un peintre relativement rare, en puisant dans la trentaine de ses tableaux identifiés en France.
Bon Boullogne, un chef d’école au Grand Siècle au musée Magnin, du 5 décembre 2014 au 5 mars 2015.

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Peigne : bouquetin, un genou à terre : Nouvel Empire, 18e dynastie (1550-1425 av. J.-C.) © Musée du Louvre, Dist. RMN-GP / Christian Decamps

Sur les bords du Nil

LENS - Chats, ibis, crocodiles, scarabées : ces animaux viennent immédiatement à l’esprit lorsque l’on évoque le temps des pharaons. Mais le bestiaire égyptien de l’époque est bien plus large comme le prouve cette rétrospective qui met en valeur les collections du Louvre. Grenouille, scorpion du Sahara, oursin-crayon ou poisson-ballon font aussi partie des élus, utilisés pour la pharmacopée, les offrandes, comme compagnons dans cette vie ou dans l’au-delà…
Des animaux et des pharaons, au Louvre Lens, du 5 décembre 2014 au 9 mars 2015.

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VENTES


Lot 44. Exceptionnelle cuillère anthropomorphe Dan, Côte d’Ivoire. Hauteur : 62 cm. Estimation : 100 000 – 150 000 €

A la petite cuillère

PARIS – Collectionneurs compulsifs, Ernesto Wolf (1918-2003), un industriel brésilien ayant fui, enfant, l’Allemagne nazie, et sa femme Liuba (1923-2005) ont déjà été évoqués dans ces pages lors d’une vacation en décembre 2012 chez Artcurial. En dehors de l’extraordinaire collection de verres médiévaux, léguée au musée de Stuttgart, leurs trésors, allant de manuscrits enluminés à des Basquiat des années 1980, supposaient plusieurs ventes échelonnées. Après l’art moderne plus tôt dans le mois, voici une parenthèse tribale. Elle réunit 126 objets, tous de même nature : des cuillères, sculptées au cours des siècles par les artisans africains. Des Bidjogo de Guinée-Bissau aux Senoufo de Côte-d’Ivoire, des Ashanti du Ghana aux Zoulou d’Afrique du Sud, elles couvrent à peu près tout le continent, incluant même le Liberia et la Somalie d’antan. Généralement en bois, parfois en métal, en os ou en ivoire, elles ne sont pas notre banal instrument utilitaire mais le plus souvent des objets d’apparat. A l’image de la plus belle pièce : une cuillère Dan anthropomorphe (estimation 100 000 à 150 000 €), qui représentait l’épouse préférée du chef et pouvait être habillée et maquillée comme une poupée…
Art tribal : la collection Ernesto et Liuba Wolf le 10 décembre 2014 chez Artcurial

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


Carlos Cruz-Diez. Photo Patrizia De Donno

Cruz-Diez, pape cinétique

Né en 1923, c’est l’un des grands noms de l’art cinétique et optique. Pourtant, dans une première vie, au Venezuela, son pays natal, il a été un peintre figuratif, engagé dans les luttes sociales, jusqu’à ce qu’il se rende compte que son art n’avait pas le pouvoir de changer le monde. Au début des années soixante, après un passage par l’Espagne, il rejoint Paris, où il retrouve notamment son grand ami de jeunesse et compatriote Soto. Au cours du demi-siècle écoulé, il n’a cessé de travailler la couleur, la mêlant, l’additionnant, la saturant, créant des douches d’induction chromatique ou des « pièges à couleur ». Il a aussi conçu des installations urbaines colossales, beaucoup au Venezuela mais également en Europe (à la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines ou au siège zurichois de l’Union des banques suisses). A 91 ans, le compagnon de Vasarely et de Julio Le Parc est toujours aussi actif, supervisant une équipe de 60 personnes entre Paris et Panama, qui n’a rien à envier aux teams de Koons ou Hirst…
Cruz-Diez en noir et blanc à la Maison de l’Amérique latine, jusqu’au 31 janvier 2015.

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Color espacial au Centro Niemeyer d’Avilés (Espagne), jusqu’au 8 février 2015

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE

6 décembre 2014 - PARIS - Galerie Patricia Dorfmann

La démarche d'un artiste conceptuel danois, lointain cousin des Situationnistes

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Oulipo, c’est pas du pipo

Oulipo mais aussi Ouhispo, Ouphopo, Oucuipo, Oupolpot… Il ne s’agit pas de noms de fleuves africains mais de l’Ouvroir de littérature potentielle, fondé par Raymond Queneau et François Le Lionnais en 1960, et de toutes ses émanations (Ouvroirs d’histoire, de photographie, de cuisine, de politique potentielles). A l’origine est le souhait de produire une littérature compliquée (ou plutôt magnifiée) par une série de contraintes mathématiques – portant sur le nombre de syllabes, la répétition des lettres ou leur absence comme dans la célèbre Disparition de Georges Pérec, un livre entier sans la lettre « e ». Catalogue d’une exposition (à la bibliothèque de l’Arsenal, Paris, jusqu’au 15 février 2015), cet ouvrage fait revivre une aventure encore en cours, à mi-chemin entre club de mots fléchés et secte ésotérique, à l’influence plus large qu’on n’imagine.
Oulipo, ouvrage collectif, Gallimard, 2014, 192 p., 39 €.

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EN BREF

LONDRES - L'artiste irlandais Duncan Campbell a remporté le Turner Prize 2014.

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MIAMI - La foire d'art moderne et contemporain Art Basel Miami Beach se tient du 4 au 7 décembre 2014.

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TURIN - La Galleria Sabauda, musée d'art ancien, qui a déménagé pour laisser plus de place au Museo Egizio, rouvre au public au Palazzo Reale le 4 décembre 2014.

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