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N° 399 - du 17 septembre 2015 au 23 septembre 2015

L'AIR DU TEMPS

Lettre de Londres : comme un air de pop

LONDRES – Le pop art, c’est Warhol, Lichtenstein, Rosenquist (côté US), Hamilton et Hockney (côté anglais). Seulement ? Comme dans la chanson des Pink Floyd, il y a toute une face cachée, ou moins connue, de cette constellation : c’est le pop du reste du monde. Comme son grand frère, il décortique les symboles consuméristes de la culture de masse, et s’hybride de thématiques comme le féminisme, l’anticolonialisme, les utopies communistes et libertaires. L’exposition en exhume une belle tranche : les commissaires ont couru la planète, de Brésil en Espagne, de Japon en ex-Yougoslavie pour en dénicher quelques pépites. A côté d’Errò et de Rancillac, voici la vidéo de la Menesunda, l’exposition mythique de la jeune Marta Minujin à Buenos Aires en 1965, où les visiteurs traversaient seize univers différents. Puis des installations jouant sur la sexualité et le genre, parfois de manière très explicite (Nicola L, Natalia LL, Angela García, Jana Zelibska). Enfin, des ensembles cachés depuis près de cinquante ans comme les immenses Hommes rouges d’Henri Cueco et même un versant folk, venu d’Iran, de Cuba ou de Colombie. D’un hémisphère à l’autre : comme le pop des microsillons, le pop sur toile a conquis le monde
The World Goes Pop à la Tate Modern, du 17 septembre 2015 au 24 janvier 2016.

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ARCHÉOLOGIE ET CIVILISATIONS


Programme du Grand Théâtre de Genève, Madame Butterfly, saison 1909-1910, Bibliothèque de Genève.

Osiris face à Madame Butterfly

La fascination de l’Egypte n’est pas près de s’éteindre : notre monde trop technologique et rationnel ne peut que céder à l’appel d’Osiris : l’Institut du monde arabe montre le fruit des explorations des anciennes cités du delta du Nil, qui lui rendaient un hommage annuel, resté mystérieux par bien des points (à partir du 8 septembre). Davantage de « chez nous », les Celtes (au British Museum à partir du 24 septembre) font aussi partie des favoris du grand public. Repoussés vers les marges nord-ouest de l’Europe par l’expansion romaine, ces peuples sans unité génétique nous séduisent par leur science de l’orfèvrerie, leur art abstrait et leur univers culturel (musique, langue et… druides), qui ont influencé aussi bien les dessinateurs Art nouveau que les tenants de la philosophie New Age. C’est un peu la même attraction qu’offrit le Japon nouvellement découvert par l’Occident à la fin du XIXe siècle. Si des artistes comme Van Gogh et Bonnard y puisèrent abondamment, ce fut aussi un moyen de s’initier à un riche panthéon religieux par l’intermédiaire de la culture, comme le montre le Bouddhisme de Madame Butterfly au MEG de Genève (à partir du 9 septembre). Le Congo est le cœur de l’Afrique : si la Fondation Cartier nous a ouvert sur sa création contemporaine (depuis le 11 juillet), le Metropolitan Museum de New York nous fait pénétrer dans la jungle de son passé, qui commence pour nous avec les cadeaux diplomatiques du XVIe siècle (ivoires, habits de raphia), jusqu’aux puissantes « figures de pouvoir » transpercées de clous utilisées pour freiner la colonisation européenne (à partir du 18 septembre). Quant aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique (à partir du 11 septembre) et au Louvre (à partir du 24 septembre), ils se lancent dans un exercice prospectif : à quoi ressemblera notre monde en 2050 ?

MAÎTRES ANCIENS


Jean-Honoré Fragonard, Le billet doux ou La Lettre d'amour, vers 1775, huile sur toile, 83,2 x 67 cm, New York, The Metropolitan Museum, collection Jules S. Bache, 1949, © The Metropolitan Museum of Art, dist. Rmn-Grand Palais / image of the MMA.

Images de la femme, de Botticelli à Fragonard

Il est le fondateur de la peinture moderne, une figure comparable à celle de Dante en littérature, qui fut quasiment son contemporain, au tournant du XIVe siècle. Mais il n’est pas facile de montrer Giotto : nombre de ses chefs-d’œuvre sont des fresques que l’on ne déplace pas. Le Palazzo Reale de Milan (depuis le 2 septembre) s’est donc rabattu sur panneaux et retables, dont les spectaculaires polyptyques Baroncelli et Stefaneschi. Plus mobile est Botticelli, qui nous renvoie l’image d’une grâce aérienne. Ses affres existentielles souvent reléguées au second plan (attaché à Savonarole, il brûla une partie de son œuvre), il a connu une extraordinaire vogue depuis sa redécouverte par les préraphaélites. C’est ce revival qu’explore Botticelli Renaissance à la Gemäldegalerie de Berlin (à partir du 24 septembre). Les Médicis, revenus à Florence après les intermèdes républicains, asseyaient leur pouvoir sur une propagande visuelle élaborée, signée Bronzino, Vasari ou Salviati, comme le décortique Portraits à la cour des Médicis au musée Jacquemart-André (à partir du 11 septembre). Un autre âge d’or est celui que semble incarner Fragonard et son XVIIIe siècle badin, léger, amoureux surtout, au musée du Luxembourg (à partir du 16 septembre). Autre visage de ce siècle tourmenté, Elisabeth Vigée-Lebrun est l’une des rares femmes artistes de son temps, que montre le Grand Palais (à partir du 23 septembre). Sa longue vie itinérante (elle mourra à 87 ans en 1842) lui permettra de connaître de près les remous de la Révolution et de la Restauration après avoir été la portraitiste de Marie-Antoinette…

ART MODERNE


Félix Vallotton, Le Chapeau violet, 1907, huile sur toile, 81 x 65,5 cm. Collection particulière, Villa Flora, Winterthur © Collection particulière, Villa Flora, Winterthur. Photo Reto Pedrini, Zürich.

Balla, Tzara, Villa Flora...

A côté des rétrospectives sur les grands peintres, la tendance est de se pencher sur les personnalités hybrides ou périphériques - écrivains, critiques, galeristes, directeurs de musées. On a vu récemment de belles expositions consacrées à Kenneth Clark ou Michel Leiris. Tristan Tzara, le fondateur du dadaïsme, est l’élu de la rentrée au musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg (à partir du 24 septembre) avec un florilège de 450 œuvres de ses proches, d’Arp à Zadkine. D’autres acteurs des avant-gardes sont sur le pont : Mondrian, l’apôtre de la géométrie, est accueilli au Martin-Gropius-Bau de Berlin (à partir du 4 septembre) qui montre ce qu’il produisit avant de se fier à la ligne : même des portraits et des paysages ! La Fondation Magnani Rocca, près de Parme, étudie la carrière de Giacomo Balla en la lisant au prisme du manifeste de 1915, Reconstruction futuriste de l’univers (à partir du 12 septembre). Le norvégien Edvard Munch est doublement à l’honneur : au musée Van Gogh d’Amsterdam, il est confronté à Van Gogh (à partir du 25 septembre) ; comment les deux artistes ont-ils traité des thèmes comparables comme le paysage ou l’isolement ? Le même jour, l’Albertina de Vienne inaugure sa propre rétrospective sur Munch, en réunissant 120 œuvres, peintures mais aussi gravures et dessins. Créateur plus récent mais tout aussi fécond, le Cubain (fils d’un Chinois et d’une descendante d’esclaves) Wilfredo Lam est présenté au Centre Pompidou avec 300 œuvres qui montrent la genèse d’un surréalisme tropical cultivé en grande partie à Paris (à partir du 30 septembre). Deux expositions transversales nous emmènent dans des mondes différents : au musée d’Orsay, c’est l’univers de la prostitution et des courtisanes du XIXe siècle qui est évoqué (à partir du 22 septembre) tandis que Villa Flora au musée Marmottan-Monet, montre l’univers feutré d’une famille suisse, celle des Hahnloser, qui se prit de passion pour Bonnard et les nabis (à partir du 10 septembre).

LIVRES

Hymne à la photographie

En 1982, le vieux Brassaï écrivait une lettre au maire de Paris, Jacques Chirac, pour le remercier : enfin, une institution publique française avait acheté ses images ! Les Américains avaient commencé bien plus tôt et les musées français eux-mêmes s’étaient déjà intéressés à ses dessins et peintures. Mais pas à la photo… En traçant la genèse d’une collection récente (elle a débuté en 1980) et emblématique, cet ouvrage permet de mesurer l’émergence spectaculaire d’une discipline, encore considérée comme archive documentaire il y a peu, aujourd’hui reconnue comme un art à part entière. Les 21 000 clichés de la Maison européenne de la photographie contiennent les plus grands noms du XXe siècle, de Cartier-Bresson à Bill Brandt, d’Alvarez-Bravo à Irving Penn. Mais y trouvent également place des séries mythiques (les Américains de Robert Frank, New York de William Klein) avec une belle représentation japonaise, jusqu’aux tendances les plus récentes du paysagisme, du photojournalisme ou de la nature morte (comme les bombes et mines de Raphaël Dallaporta, saisies comme des objets de luxe sur fond noir). Un reflet percutant et sensible de notre époque…
Une collection. Maison européenne de la photographie, sous la direction de Jean-Luc Monterosso, Actes Sud, 2015, 424 p., 59 €.

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BRÈVES

BEYROUTH – La 6e Beirut Art Fair se tient du 17 au 20 septembre 2015.

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FLORENCE – La 29e Biennale des antiquaires se tient du 26 septembre au 4 octobre 2015.

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KAUNAS (Lituanie) – La Biennale d’art contemporain se tient du 18 septembre au 31 décembre 2015.

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KOBE – La 5e Biennale d’art contemporain se tient du 19 septembre au 23 novembre 2015.

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MOSCOU – La 6e Biennale d’art contemporain se tient du 22 septembre au 1er octobre.

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PARIS – Les 32e Journées du patrimoine se tiennent les 19 et 20 septembre 2015 dans toute la France et en Europe.

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WADSWORTH (Connecticut) - Le Wadsworth Atheneum Museum of Art, l’un des plus anciens des Etats-Unis (fondé en 1842), rouvre le 19 septembre 2015.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


PANORAMA 17 - TECHNIQUEMENT DOUCE

18 septembre 2015 - TOURCOING - Le Fresnoy

Des images surprenantes pour le 17e rendez-vous annuel de la création

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2050. UNE BRÈVE HISTOIRE DE L’AVENIR

BRUXELLES - Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique proposent un projet inédit et innovant. Peintures, sculptures, photographies, vidéos, installations et arts numériques : les plus grands artistes contemporains interrogent notre avenir. Du 11 septembre 2015 au 24 janvier 2016.

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