Une blonde à Manhattan
Adrien Gombeaud
C’est un météore, qui n’a guère laissé de traces. Ed Feingersh était l’un des plus prometteurs photographes des années cinquante à New York, un adepte de la lumière naturelle, qu’Edward Steichen intégra dans sa célèbre exposition « The Family of Man », au MoMA en 1955. Son côté bohème, sa mort prématurée (en 1961, à 35 ans), la faillite de son agence Pix ont fait disparaître la plupart de ses clichés. Jusqu’à la redécouverte fortuite, dans un hangar de Brooklyn, en 1987, de la série qu’il avait consacrée à Marilyn Monroe pour le magazine Redbook en 1955. L’ouvrage restitue les cinq jours partagés par le reporter tête brûlée et la blonde mythique, du Madison Square Garden à la pénombre du bar Costello’s. Mais il est plus convaincant dans la description de l’itinéraire-éclair du photographe, contemporain des expérimentations de Robert Frank et de Garry Winogrand, et qui symbolise la fin d’une époque : le jazz, le noir et blanc, « l’instant décisif », le journal cèdent le pas devant les Sixties, Kennedy, le rock’n’roll, la photo couleur, la télévision et la consommation de masse…
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Critique parue dans la newsletter N° 219 - du 26 mai 2011 au 1 juin 2011