Georges de La Tour
Jacques Thuillier
Il faut « une prudence aux aguets, de multiples détours, et pour mieux dire, toutes les ruses délicates de la piété » écrit l’auteur. Dans quel but ? La reconstitution de la biographie de celui qui est considéré, avec Poussin et Lorrain, comme l’un des plus grands maîtres français du XVIIe siècle. Car on ne dispose de quasiment rien sur Georges de La Tour (1593-1652) : ni journal intime, ni livre de comptes, ni mention dans des tierces correspondances. Juste les minutes d’un procès où les plaignants l’accusent d’entretenir trop de chiens… et queques documents de cet acabit ensevelis dans les archives de Vic-sur-Seille ou de Lunéville. Ce n’est qu’entre 1863, date de publication d’une étude dans un journal savant lorrain, et 1934 avec l’exposition des Peintres de la réalité à l’Orangerie, que son nom émerge enfin de deux siècles de silence. Dans cet ouvrage sorti en 1992 et devenu rapidement un classique, Jacques Thuillier (1928-2011) poursuit cette investigation qui s’apparente presque à une enquête policière. Il y démêle les éléments biographiques, les différentes versions des Vielleurs et des Madeleines, ce goût pour les Nuits, pour la réalité et pour les figures à mi-corps. Dommage que le texte passionnant soit en si petits caractères : c’est la rançon de la maniabilité…
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Critique parue dans la newsletter N° 302 - du 2 mai 2013 au 8 mai 2013