Mémoire de verre, mémoire de guerre
Patrick Bard et Marie-Berthe Ferrer
A quoi tient la mémoire ? Parfois à un fil si ténu qu’il faut un concours de circonstances pour réussir à le tirer. C’est ce qui est arrivé aux auteurs, que leurs déambulations ont amenés dans une petite église du Perche et à son curieux vitrail. Encadrant un martial saint Louis, il contient des effigies à demi effacées, comme des palimpsestes : ni Thomas d’Aquin, ni Ambroise ni Martin mais des inconnus, des hommes du peuple, de simples poilus ! L’enquête débute ainsi, à Préaux-du-Perche, d’un élément de patrimoine local récemment restauré, et dévide une pelote d’histoires simples et tragiques. Qui était Marcel Buté, mort à 21 ans, le 10 octobre 1916, des suites de ses blessures à la bataille de Sailly-Saillisel ? Et Albert Leroux, 33 ans, disparu de son corps ? Et Alfred Guillin, de 22 ans, à la mort encore plus absurde s’il se peut, car « tué par un tir ami » ? Ces hommes oubliés revivent, ainsi que leur époque, au moyen de vieux tirages, de photos contemporaines des sites et d’un texte sensible. Une seule conclusion s’impose, que l’avalanche de célébrations risque de faire oublier, celle de Prévert : quelle connerie, la guerre !
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Critique parue dans la newsletter N° 340 - du 27 mars 2014 au 2 avril 2014