La fabrique des saintes images
Sous la direction de Louis Frank et Philippe Malgouyres
En nos temps de scepticisme, qui est capable de prononcer son Ave Maria sana hésiter ? Qui est capable de distinguer Pierre de Bérulle de François de Sales ? O tempora o mores ! Comme le montre ce catalogue, qui accompagne une exposition au Louvre, il en allait bien autrement au XVIIe siècle. Sous l’impulsion de la Contre-Réforme, le sentiment religieux était alors au cœur des préoccupations. De nouvelles congrégations (l’Oratoire par exemple) faisaient tout pour le stimuler, et les meilleurs artistes étaient sollicités pour illustrer les nouveaux thèmes en vogue – la vie de la Vierge, la Cène, l’Eucharistie. Montrant le rapport fécond, mais critique, entre Rome (une religiosité plus théâtrale) et Paris (une expression plus austère, marquée par la Réforme), les auteurs passent en revue quelques grands personnages et moments-clés, de Guido Reni à Philippe de Champaigne, de Le Sueur aux frères Le Nain, en rappelant des traditions oubliées. Ainsi des fameux « mays » de Notre-Dame : chaque 1er mai, de 1630 ) 1707, ce n’est pas un bouquet de muguet mais un grand tableau dédié à la Vierge que la corporation des orfèvres offrait à la cathédrale de Paris. L’enquête continue : dispersées ou détruites, un tiers de ces compositions manquent à l’appel…
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Critique parue dans la newsletter N° 388 - du 7 mai 2015 au 13 mai 2015