Gauguin, voyage au bout de la terre
Stéphane Guégan
Fuir, fuir toujours, fuir « l’atmosphère de gaz hydrogène et de mélasse » comme le disait joliment Théophile Gautier, fuir l’étouffant Salon annuel, fuir sa charge d’agent de bourse, fuir sa famille, ses cinq enfants et sa rigide Danoise (« la liberté, c’est l’abandon de la famille », clamait Nietszche). Plus qu’un impressionniste, un nabi ou un symboliste, Paul Gauguin (« P. Go », comme il aimait parfois à signer) est de l’école des fugitifs ! Ce livre à l’agréable format vertical suit le petit gars de Notre-Dame-de-Lorette (où il naît en 1848), qui saura rompre les amarres avec la Rive droite pour bourlinguer du côté de Rio, de la Martinique et du Pérou. Ce dernier pays serait volontiers sa patrie de cœur - c’est de là qu’était sa grand-mère adorée, Flora Tristan. Mais, comme on le sait, il ne s’y arrêtera pas et ira encore plus loin dans l’espace, Tahiti, où il gagne sa croûte en peignant les filles des avocats de Papeete, puis les Marquises, pour y mourir en vieil anar aigri mais toujours jouisseur. D’autres voyages, plus proches mais tout aussi décisifs, au Pouldu ou à Arles, sont évidemment évoqués par l’auteur - au patronyme étonnamment proche ! - qui ont aidé à façonner le grand remue-ménage de l’art moderne.
|
Critique parue dans la newsletter N° 489 - du 26 octobre 2017 au 1 novembre 2017