Roue libre
Pierre Alechinsky
Inventer l’eau chaude, le fil à couper le beurre ou la roue, voilà des images communes de la culture populaire. Prenez la roue : sans elle, pas de transport, et une civilisation matérielle qui s’effondre. Et un système philosophique qui en pâtit aussi : comment mieux exprimer la répétition, la perfection, la totalité ? Chez le jeune Alechinsky, la roue avait suscité il y a bien longtemps (près de 50 ans) cet ouvrage, en forme de divagation, où transparaissent les amis ou aînés - Breton, Jorn, Dotremont, Folon, Walasse Ting -, les intérêts littéraires et musicaux, des souvenirs de voyage. Les nombreuses illustrations - œuvres d’Alechinsky lui-même, chromos populaires, photos du volcan de Lanzarote, du perroquet de Breton ou d’Alfred Jarry à bicyclette - voisinent avec un texte nerveux et pétillant, dans le genre « cabinet de curiosités » qu’ont aussi pratiqué Julio Cortázar, W.G. Sebald ou Orhan Pamuk. Alechinsky, que l’on sait attiré depuis toujours par l’écrit, s’y montrait déjà un brillant littérateur.
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Critique parue dans la newsletter N° 490 - du 2 novembre 2017 au 8 novembre 2017