Orient Express, de l’histoire à la légende
Guillaume Picon
Il est conseillé d’ouvrir le livre à la page 86. Et l’on comprendra l’émotion des futuristes face à l’acier chromé des bolides, l’ivresse des carosseries et des pistons, le culte de la vitesse mécanique. La cabine de la locomotive Pacific 231 est une œuvre d’art et la photographie – un tirage soyeux, admirablement contrasté et piqué de 1936 - la magnifie. Pas étonnant que l’on ait écrit des poèmes à la gloire du train qu’elle traînait, à travers toute l’Europe, vers l’Orient compliqué, d’une manière pas si express que cela puisque l’on avait le temps d’y boire du champagne, d’y flirter, d’y assassiner ou de s’y suicider. Orient-Express… Le train, inauguré en 1883, ne circule plus depuis trente ans, et c’est sans doute tant mieux pour le mythe, nourri de ses extraodinaires voitures Art déco, de ses vieilles bouteilles de listrac, de la présence énigmatique de Mata Hari ou de Basil Zaharoff. « Rien ne commence par la littérature, mais tout finit par elle, y compris l’Orient-Express », assenait, définitif, Paul Morand…
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Critique parue dans la newsletter N° 497 - du 21 décembre 2017 au 10 janvier 2018