On vient d’apprendre que l’Aston Martin de James Bond est tombée dans le lac de Garde. Son chauffeur la conduisait sur le tournage du prochain épisode de la série. Cette cascade n’était pas prévue dans le scénario et a causé quelques embarras à la production. On propose, car elle le vaut bien, de la classer dans la catégorie, tout à fait extensible et subjective, des performances artistiques. Une façon de rappeler que la perméabilité des frontières entre les genres a élargi la mission du musée bien au-delà de la collecte traditionnelle de sculptures et peintures. Nombre d’icônes du XXe siècle – la motocyclette, Chanel ou l’emballage de chips (à voir au Hamaland Museum, à Vreden, en Allemagne) – ont fait l’objet de récentes rétrospectives. La dernière en date a ouvert la semaine dernière : elle célèbre les 50 ans de l’agent secret James Bond. L’Imperial War Museum présente le bureau jamaïcain sur lequel ont été écrites maintes aventures, la chemise portée en 1942 à Dieppe par l’auteur, Ian Fleming, des manuscrits, un Colt Magnum 357, des chaussures à poignards rétractables, un bikini. Discrètement, sans faire de vagues, le cabinet de curiosités revient à la mode.

For your eyes only à l’Imperial War Museum de Londres jusqu’au 1er mars 2009

BERNE – Sa fin est (ou était) connue de tous les écoliers de France : le 5 janvier 1477, par une journée glaciale, il perd la vie devant Nancy qu’il assiège. Charles le Téméraire a 44 ans et la dynastie des Bourgogne s’éteint avec lui. Que devient sa très riche collection ? Une partie avait déjà été ponctionnée lorsque les Confédérés de Berne et Fribourg l’avaient battu lors des batailles de Grandson et Morat en 1476. Le reste, grâce au mariage de sa fille, conflue après sa mort dans le patrimoine des Habsbourg. L’exposition au musée d’Art et d’Histoire réunit près de 200 objets démontrant la splendeur de la cour bourguignonne : peintures, enluminures (le célèbre livre de prières de Charles avec ses 47 miniatures, venu du Getty Museum), textiles (des brocarts milanais à la non moins renommée tapisserie bruxelloise aux Mille fleurs), pièces d’orfèvrerie, bijoux, tableaux et sculptures.

Charles le Téméraire au Kunsthistorisches Museum, du 25 avril au 24 août 2008

LILLE-MADRID-PARIS – C’est une avalanche : Goya est sur tous les fronts. A Madrid, une grande exposition au Prado est centrée sur les débuts de la guerre d’indépendance et sur ses toiles des Dos y Tres de Mayo. A Paris, le Petit Palais expose près de 300 de ses gravures. A Lille, c’est la série complète des Caprices, soit 80 estampes acides sur la société de son temps, qui est présentée. Dans ce dernier cas, les commissaires ont cherché un répondant dans l’art actuel, ce qui n’a guère été difficile tant l’artiste espagnol demeure une source d’inspiration pour les créateurs contemporains. A côté de l’ensemble des frères Chapman, Like a Dog Returns to its Vomit, qui fit scandale il y a quelques années car il réutilisait comme support des œuvres originales, on y trouvera aussi des photographies du Japonais Yasumasa Morimura ou de l’Allemand Thomas Schütte. Goya sans frontières…

Les Caprices de Goya au Palais des Beaux-Arts de Lille, du 25 avril au juillet 2008

Goya en temps de guerre au musée du Prado jusqu’au 13 juillet 2008

Goya graveur au Petit Palais, jusqu’au 6 juin 2008

NEW YORK - En attendant la réalisation de sa commande monumentale cet été (une série de cascades sur l’Hudson), l’artiste danois Olafur Eliasson fait déjà la une dans la métropole new yorkaise. La rétrospective du MoMA fait le bilan de 15 ans de carrière menés tambour battant, depuis le Moss Wall de 1994 jusqu’au Natural Light Setup de 2008 en mêlant diverses techniques, dont la photographie et la sculpture. Le plasticien a un véritable don d’ubiquité puisque l’on peut voir une installation de lui au San Francisco Museum of Art – un tunnel coloré suspendu au sommet de l’édifice - et que l’on aura droit dans un mois à son Art Car BMW à la Pinakothek der Moderne de Munich.

Olafur Eliasson, Take your Time au Museum of Modern Art, jusqu’au 30 juin

Your Mobile Expectations à la Pinakothek der Moderne à Munich, du 29 mai au 20 juillet.

Il y a quelques mois, la grotte de Lascaux a été entièrement fermée aux visites pour répondre à une menace nouvelle : la prolifération de moisissures noires, attribuée entre autres au nouveau système de ventilation. Aujourd’hui, les responsables crient victoire en affirmant que l’expansion du micro-organisme a été stoppée. C’est un tout autre son de cloche qui provient de l’International Committee for the Preservation of Lascaux (ICPL). Selon cette association, la lutte contre la mélanine a pris des formes très brutales, avec utilisation massive d’antibiotiques puis grattage de la surface de la grotte au péril des couches de couleur sous-jacentes. L’ICPL demande la constitution d’une autorité internationale indépendante ayant un droit de regard sur les actions menées pour sauver la « Sixtine de la préhistoire ». Sur les 25 membres de l’actuel Comité scientifique international, dirigé par Marc Gauthier, inspecteur génétal honoraire de l’archéologie, seuls deux sont étrangers…

Il nous a, comme on dit pudiquement, quittés trop tôt, abandonnant volontairement ce monde en octobre dernier, alors qu’il était à peine quadragénaire. Un créateur tous azimuths, connu pour ses séries photographiques mais peut-être encore plus brillant par la plume (son Autoportrait, aux éditions POL, est un petit bijou). La galerie Loevenbruck repropose, à raison d’un cycle par semaine, ses différentes « Reconstitutions », par lesquelles il faisait mimer à des acteurs habillés en civil des matches de rubgy, des films pornographiques ou des conférences de direction. Dans notre

réalité que l’on sait toujours plus virtuelle, le sérieux avec lequel étaient recomposés ces moments sortis de leur contexte leur donnait une force étonnante, à mi-chemin entre les tableaux habillés et les cadavres exquis surréalistes.

Edouard Levé à la galerie Loevenbruck (40 rue de Seine, 75006) jusqu’au 10 mai. Du 22 au 26 avril, série Reconstitutions, Quotidien. Du 29 avril au 3 mai, Série Fictions.

Didier Rykner s’est fait connaître pour avoir accueilli sur son site internet latribunedelart.com une pétition contre le Louvre Abou Dhabi, qui eut un véritable retentissement médiatique. Mouche du coche, prompt à brocader les dérives commerciales de nos musées et les manquements à leur déontologie de base (conserver, exposer, restaurer), il précise sa pensée dans ce petit pamphlet. Mainmise des énarques et mise sur la touche des conservateurs, bougeotte des œuvres qui sont envoyées à tout va sans souci de leur fragilité, obsession de l’événement temporaire au détriment des collections permanentes… Les maux sont connus et leur dénonciation est parfois fort efficace, par exemple dans le cas de Versailles avec ses torchères en plastique doré, ses gradins pharaoniques qui abîment le parc et ses vraies-fausses grilles royales. On est près à suivre le duettiste dans nombre de ses conclusions. Avec un bémol : si les musées ne peuvent ni aliéner, ni prêter à long terme, ni faire voyager leurs collections outre mesure, où trouver de nouvelles sources de financement ? L’auteur ne donne guère de pistes d’avenir.

Le spleen d’Apollon par Didier Rykner, éditions Nicolas Chaudun, 2008, 144 p., 15 €, ISBN : 978-2-35039-051-2

BRUXELLES – Bruxelles et la Wallonie organisent, d’avril à septembre, une année Folon pour rendre hommage à l’artiste disparu en 2005.

CATANZARO (Calabre) – L’Italie compte un nouveau musée depuis le 30 mars : il s’agit du MARCA, mêlant archéologie et art contemporain sur trois niveaux. L’exposition inaugurale est consacrée à Mimmo Rotella.

CHICAGO – La foire d’art contemporain Art Chicago se tient au Merchandise Mart du 23 au 27 avril. Next, une foire « satellite » se tient à la même période.

PARIS – Un pan important de la correspondance de Giovanni Verga, maître du vérisme italien, est mise en vente chez Christie’s le 28 avril.

PARIS – L’artiste Claude Lévêque a été choisi comme le représentant français à la prochaine Biennale de Venise, qui ouvre en juin 2009.

PARIS – Moleskine, le petit carnet préféré de Bruce Chatwin, devenu un status symbol international, organise une exposition de carnets de voyage au Printemps Design du Centre Pompidou, du 24 avril au 19 mai.

VIENNE – La 4e édition de la Vienna Art Fair se tient du 24 au 27 avril, avec la participation de 107 galeries de 22 pays.

LILLE - Une nouvelle foire d'art contemporain s'installe du 24 au 27 avril à Lille Grand Palais. Rassemblant plus de 70 galeries, la Lille Art Fair se veut un rendez-vous important de l'Eurorégion. Les œuvres d'artistes majeurs du dernier demi-siècle y côtoieront des photos et des sculptures géantes de créateurs contemporains.

SOISSONS - L'Arsenal présente une importante collection de terres cuites du Cameroun et des pays voisins. Constituée dans les années récentes par Colette Mendes et Philippe Brissaud, elle s'attache à montrer la diversité foisonnante et l'extraordinaire bestiaire des poteries utilitaires.

MOUGINS - Le musée de la Photographie fait découvrir Anne-Lise Large, une jeune photographe au parcours singulier, nourri de philosophie et d'expérience sur le terrain. Les femmes "croquées" par l'artiste sont comme des spectres, des images mouvantes qui matérialisent l'éphèmère.