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N° 391 - du 28 mai 2015 au 3 juin 2015


Maison de M. Epidius Rufus, 1943, photographie; 17,7x23,8cm. Archivio fotografico Soprintendenza speciale per Pompei, Ercolano e Stabia.

L'AIR DU TEMPS

Quand les Alliés bombardaient Pompéi

NAPLES – 1738 : découverte du site d’Herculanum. 1748 : découverte de Pompéi. Depuis plus de deux siècles et demi, l’éruption apocalyptique, et le destin de la ville morte que l’on imaginait plus libertine que Sodome, ont alimenté l’imaginaire européen. Y ont succombé aussi bien Gustave Moreau et Alma-Tadema que Picasso et Chirico. La figure du surintendant Giuseppe Fiorelli, qui inventa une technique de moulage pour conserver les corps figés dans les affres de la mort, est évoquée. Mais c’est un autre événement, très mal connu, qui frappe dans cette exposition : le 24 août, puis du 13 au 26 septembre 1943, suspectant la présence de soldats allemands, l’aviation anglo-américaine pilonne Pompéi. La guerre nous a habitués à d’innombrables barbaries. Mais bombarder des ruines d’une telle importance fut un choix extrême (non justifié, selon les connaisseurs, par le danger réel). A l’heure où le destin de Palmyre mobilise le monde, cet épisode méritait d’être rappelé. Les dommages furent énormes : outre les bâtiments détruits (maisons de Triptolème, de Romulus et Remus, quartier de Porta Marina, etc.), dans le seul Antiquarium qui servait alors de salle d’exposition, 1378 objets rappelant la vie quotidienne à Pompéi furent réduits en poussière. Les généraux du QG allié étaient-ils historiens ? Ce 24 août 1943 était le jour anniversaire de la destruction de Pompéi, en 79 apr. J.-C. Etrange symbole…
Pompei e l’Europa, 1748-1943 au Museo Archeologico Nazionale, du 26 mai au 2 novembre 2015. Catalogue Electa, 400 p., 40 €.
• A lire aussi : Danni di guerra a Pompei. Una vicenda quasi dimenticata, par Laurentino García y García, « L’Erma » di Bretschneider, 2006.

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EXPOSITIONS


Sonia Delaunay, Drakkar, 1972. Achat Pierre Daquin, 2000, Angers, musées © Musées d’Angers, Pierre David.

Eloge de la tapisserie

ANGERS - Louise Bourgeois, Georges Braque, Sonia Delaunay, Annette Messager, Pablo Picasso : quel lien unit ces artistes ? D’avoir alimenté la création de tapisserie du XXe siècle. Angers, qui possède le beau Chant du monde de Jean Lurçat et qui est dépositaire de la célébrissime Tenture de l’Apocalypse, est un des hauts lieux de la tapisserie en France. Alors que le Musée d’art moderne de la Ville de Paris en acquérait encore de façon systématique dans les années 1970-80, alors qu’un artiste comme Alighiero e Boetti en faisait un pan important de son œuvre, l’élan est retombé. La tapisserie a besoin d’un nouveau souffle… C’est une technique qui demande du temps, de la main-d’œuvre qualifiée, de l’humilité – pas toujours les vertus cultivées par les artistes en vogue et le tout-puissant marché !
Tapisserie ? De Picasso à Messager, au musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine, du 23 mai au 31 octobre 2015.

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Lee et Pablo

ÉDIMBOURG – Il l’a peinte six fois, elle l’a photographié plus de mille fois… Lui, c’est Pablo Picasso, elle Lee Miller (actuellement exposée à l’Albertina de Vienne). Une relation commencée à Mougins en 1937 et qui ne s’achèvera qu’avec la mort de Picasso en 1973. Roland Penrose, le compagnon de Lee Miller, fut d’ailleurs l’un des principaux biographes du peintre.
Lee Miller and Picasso à la Scottish National Portrait Gallery, du 23 mai au 6 septembre 2015.

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Anges dits de Saudemont, Nord de la France, vers 1270-1300, bois, polychromie, Arras, Musée des Beaux-Arts © Musée des Beaux-Arts d’Arras / Claude Thériez

1300, l’axe Paris-Florence

LENS - Mondialisation ! dit-on à tout bout de champ. Est-elle si neuve que cela ? Les hommes ont-ils attendu internet, le jet et le téléphone portable pour se transmettre modes et tendances ? Pas vraiment comme nous l’apprennent les échanges artistiques en des époques que l’on croit habituellement reculées et obscures. Ainsi, en plein Moyen Âge, les reliques de saints faisaient l’objet d’un impressionnant trafic continental. De même, comme le montre la présente exposition, les innovations artistiques pouvaient se diffuser sans se soucier des frontières : à la veille de la Peste noire de 1348, les virtuosités gothiques de la France du Nord, sculptées sur os ou ivoire, les enluminures pour Philippe III le Hardi, les anges et les rois mages en calcaire, les émaux irriguent la Toscane d’un flux continu et influencent ses artistes. Provenant aussi bien du Louvre que des musées d’Arras et de Cambrai, du Bargello de Florence que des Manchester City Galleries, plus de cent œuvres illustrent un dialogue fécond.
D’or et d’ivoire. Paris, Pise, Florence, Sienne, 1250-1320 au Louvre Lens, du 27 mai au 28 septembre 2015.

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Trop oublié Kiesler

VIENNE – Frederick Kiesler (1890-1965) est l’un des manitous les plus méconnus du XXe siècle (malgré une belle rétrospective au Centre Pompidou en 1996), architecte, sculpteur, théoricien et remarquable mémorialiste. On lui doit des installations mythiques lors des grand-messes surréalistes chez Peggy Guggenheim aussi bien que le Sanctuaire du livre à Jérusalem. L’exposition s’attache plus particulièrement à son activité de scénographe.
Function Follows Vision, Vision Follows Reality à la Kunsthalle Wien, du 27 mai au 23 août 2015.

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Trois décennies d’Oehlen

ZURICH – Dans l’un des premiers musées à lui avoir dédié, en 1987, une ambitieuse rétrospective, Albert Oehlen (né en 1954), enfant terrible de la peinture allemande, revient sur son parcours des années 1980. Il le complète par sa production la plus récente. S’est-il métamorphosé ? Est-il resté fidèle à ses principes ?
Albert Oehlen à la Zürich Kunsthalle du 30 mai au 16 août 2015.

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L'ARTISTE DE LA SEMAINE


L'inauguration de la statue de Toussaint-Louverture le 21 mai à La Rochelle. Photo Françoise Monnin.

Ousmane Sow, géant d’Afrique

Il est entré dans le Petit Larousse en 2005 et à l’Académie des Beaux-Arts en 2013 (au fauteuil qui fut de Rossini puis du peintre américain Andrew Wyeth). Révélé en 1999 par l’exposition de ses personnages colossaux sur le Passerelle des Arts à Paris, le parcours de l’artiste sénégalais, deuxième Noir intronisé sous la Coupole après Leopold Sedar Senghor, est original. N’ayant pu présenter le concours d’entrée aux Beaux Arts de Paris, il pratique la kinésithérapie jusqu’à l’âge de 50 ans. Une expérience qui lui a donné une connaissance approfondie de l’anatomie et du mouvement, qui s’incarne dans ses personnages hors norme, souvent des « anti pourris » comme Mandela. Le 19 novembre 2014, l’artiste a pulvérisé son record lors d’une vente chez Millon : 410 000 € pour son groupe de Zoulous, réalisé en 1990 dans une pâte amalgamant goudron, résine, gazole, colle et deux dizaines d’autres constituants mystérieux. Le 21 mai 2015, son gigantesque Toussaint-Louverture en bronze a été inauguré à La Rochelle.
• A lire : Ousmane Sow, par François Monnin, photographies de Béatrice Soulié, éditions Ides et Calendes, 2014, 128 p., 24 €.

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LES VERNISSAGES DE LA SEMAINE


Isabelle Le Minh - STRANGER THAN PARADIGM

30 mai 2015 - PARIS - Galerie Christophe Gaillard

Qu'est-ce que la photographie ? Un medium ? Une idée ? Une arme ?

Notre sélection de nouvelles expositions

LIVRES

Richard Texier se souvient

Les artistes ont parfois un souvenir flou de leur vocation. Pas Richard Texier. Dans ce livre de mémoire, il décrit avec une précision mathématique le déclic qui lui fit embrasser la carrière des pinceaux. Ce fut un jour de sixième, dans le tome 5 du Lagarde et Michard, à la page 352. Deux reproductions côte à côte : un Miró et, surtout, un Tanguy, Jour de lenteur. Dans la ville de Niort, où vit le jeune Texier après une enfance charentaise, il n’existe qu’une librairie au maigre rayon d’art : rien sur Tanguy ! Que l’exploration était lente – mais, au fond, goûteuse et sociable - avant internet ! Le jeune homme finira par découvrir qui était ce surréaliste parti chercher fortune aux Etats-Unis avec son ami Pierre Matisse, qui lui a inoculé à jamais le virus de la peinture. Car Texier, petit-fils de chasseurs et de pêcheurs, fils de marchands de levure et de confiseries, ami d’élagueurs de peupliers, a définitivement choisi sa voie, autre : la peinture. Le livre parle de connaissances plus récentes, comme Zao Wou-ki qui l’initie à la Chine, mais son odeur la plus prégnante est celle de l’atelier du premier maître : cela sentait la térébenthine, l’huile de lin et le siccatif de Courtrai…
Nager, par Richard Texier, Gallimard, 2015, 240 p., 19 €.

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EN BREF

FONTAINEBLEAU – Le 5e festival d’histoire de l’art se tient du 29 au 31 mai 2015 avec les Pays-Bas en pays invité.

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PARIS - Choices Paris, « Collectors Weekend », se tient du 29 au 31 mai 2015, dans 40 galeries.

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PARIS - Art Saint-Germain-des-Prés, manifestation de galeries, se tient du 28 au 31 mai 2015.

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VENISE – Le pavillon islandais de la Biennale, une mosquée provisoire installée dans l’église désaffectée Santa Marie della Misericordia, a été fermé le 22 mai par la police.

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