ArtAujourdhui.Hebdo
N° 222 - du 16 juin 2011 au 22 juin 2011
Le Riverside Museum à Glasgow (architecte Zaha Hadid). © Culture & Sport Glasgow (Museums)
L'AIR DU TEMPS
Musées pour un solstice
Le 21 juin voit l’inauguration de l’un des musées les plus attendus du premier semestre 2011 : le Riverside Museum of Transport de Glasgow. Dans une nouvelle peau très high tech, tout en angles comme en est coutumière Zaha Hadid, l’institution attend un million de visiteurs par an. Elle proposera évidemment les produits avec lesquels Glasgow domina le monde – machines à vapeur et locomotives – mais fera aussi revivre l’ambiance des quartiers et des moyens de déplacement à différentes époques de l’histoire. Cinq jours plus tard, c’est une tout autre institution qui ouvre dans le sud de la France : le musée Bonnard est la concrétisation d’un projet lancé il y a près de trente ans. C’est au Cannet où le peintre passa de nombreuses saisons que l’hôtel Saint-Vianney, une villa de la Belle Epoque, a été restauré par l’agence Ferrero-Rossi pour accueillir une collection en devenir. Le culte de la machine ou celui de la couleur ? Selon que l’on penche pour les futuristes ou les nabis, on fera son choix, pas forcément exclusif…
EN DIRECT DE LA 54E BIENNALE DE VENISE
Bilan final
Dix jours après l'inauguration de la Biennale, nos correspondants à Venise, Preston Thayer et Marjorie Och, nous envoient la sixième et dernière de leurs dépêches.
EXPOSITIONS
Monet, le retour
MARTIGNY - Monet a été l’un des blockbusters de l’année 2011 en attirant plus de 900 000 visiteurs au Grand Palais à Paris. Le couvert est remis en Suisse, à la fondation Gianadda, avec une sélection également ambitieuse : 170 tableaux qui seront montrés à côté de la collection d’estampes japonaises de l’artiste. Si le musée Marmottan concède de nombreux prêts, le déplacement vaudra surtout pour la sélection d’œuvres provenant de collections suisses, publiques (comme le Kunstmuseum de Berne) et privées (comme la fondation Buhrle). Certaines peintures, issues de collections particulières, n’ont pas été montrées depuis le vivant de l’artiste.
• Monet au musée Marmottan et dans les collections suisses à la fondation Gianadda, du 17 juin au 20 novembre 2011.
Urne effigie anthropomorphe, Guatemala, Museo Nacional de Arqueología y Etnología, Préclassique récent (400 av. J.-C.-100 apr. J.-C.), céramique, 51,4 x 19 cm © Ricky Lopez Bruni.
Guatemala, esprit maya
PARIS – Ils constituent une des civilisations les plus brillantes des temps anciens et leur attrait est acru par le mystère de leur disparition : pourquoi les Mayas se sont-ils « évaporés » autour de 900, ne laissant que des cités écroulées dans la jungle, qui fascinèrent les Européens ? Sécheresses, disettes, guerres se sont probablement combinées pour causer leur chute. Les collections du Guatemala donnent un aperçu large de leur art (mais forcément incomplet : les codex, livres sur écorce de ficus, ont été brûlés par les Espagnols et les fresques ne sont pas transportables). Cette sélection console de l’exposition annulée sur les masques de jade à la Pinacothèque (qui pourrait finalement se tenir en 2012). Elle initie au travail du jade, à l’extraordinaire variété de la céramique (avec ce « bleu maya » si particulier), aux « excentriques » en silex, aux panneaux de calcaire avec glyphes, à la sculpture sur albâtre, aux mosaïques de coquillage…
• Mayas, de l’aube au crépuscule, les collections nationales du Guatemala au musée du quai Branly, du 21 juin au 2 octobre 2011.
Bernar Venet, Related to Affine and Convex Sets and Functionals, 2001, acrylique sur toile, 210 x 170 cm © ADAGP, Paris
Venet non ferreux
TOULON – La mise en image du théorème d’incomplétude de Gödel ? Des graphiques de Wall Street ? Des figures qui sont des représentations d’équation, des diagrammes, le tout sur papier millimétré ? Tout cela semble loin du Bernar Venet que connaît le grand public, celui qui plante des volutes d’acier dans la cour d’honneur du château de Versailles. C’est pourtant la même personne comme le rappelle cette rétrospective de l’œuvre peint de l’artiste. Passionné de formules et d’équations depuis ses débuts, Venet (né en 1941) les transpose depuis 50 ans sur la toile, d’abord de façon très austère, puis en y assimilant de la couleur avec le passage du temps. Des fonctions convexes, des saturations à 33 zéros, des intégrales : pour une fois, les mathématiques pourront être appréciées d’une façon originale, sans nécessité de réviser avant…
• Bernar Venet à l’Hôtel des Arts, du 11 juin au 18 septembre 2011.
Artaujourdhui vous conseille aussi ces expositions…
• MONTÉLIMAR – Le musée d’Art contemporain Saint-Martin consacre une rétrospective à Bernard Cathelin (1919-2004), comprenant tableaux, lithographies et tapisseries. Du 18 juin au 2 octobre 2011.
• PARIS - Avec Génération spontanée, le Centre Wallonie-Bruxelles se penche sur la jeune bande dessinée belge francophone. Du 16 juin au 28 août 2011.
• PALMA DE MAJORQUE – La fondation March retrace le parcours de Willi Baumeister (1889-1955), artiste allemand marqué par l’Espagne. Du 8 juin au 10 décembre 2011.
VENTES
Lot 9, Paul Klee, Parklandschaft, 15 x 29.8 cm, 1920. Estimation : 400 000 – 600 000 £. Courtesy Christie’s, Londres.
L’adieu à la collection Beyeler
LONDRES – Disparu en 2010 à l’âge de 88 ans, Ernst Beyeler a été l’un des grands marchands du XXe siècle : les statistiqus font état de 16 000 œuvres passées entre ses mains pendant les 65 ans d’activité de sa galerie bâloise, ouverte dans l’immédiat après-guerre. Ami de Picasso, de Giacometti, d’Arp ou de Bacon, il a participé à la fondation de la foire Art Basel et a créé avec sa femme Hildy la fondation Beyeler, aujourd’hui abritée dans un bâtiment de Renzo Piano. C’est pour la doter d’un capital solide que leur collection est vendue chez Christie’s. Une grande version des Nymphéas de Monet (2 mètres de large) et une huile de Picasso, Buste de Françoise (1946), pourraient faire les prix les plus élevés, au-delà de 10 millions €, un nu de Renoir, un paysage tahitien de Gauguin, un Drapeau de Fernand Léger (1919) suivant dans la roue. Les Toulouse-Lautrec, Klee, Calder ou Baselitz qui les accompagnent donneront un bon aperçu de la sûreté de goût de Beyeler et confirmeront sa place à côté des Kahnweiler, Duveen, Berggruen et autres Vollard…
• Collection Ernst et Hildy Beyeler chez Christie’s les 21 et 22 juin 2011.
L'ARTISTE DE LA SEMAINE
François Cabrit, Arbuans, 2009, détrempe sur toile, 195 x 243 cm. Courtesy galerie d’Est et d’Ouest, Paris.
François Cabrit dans l’intimité de la forêt
En ces temps d’incertitude sur le destin de notre environnement naturel, l’écorce a la cote. Le photographe Cédric Pollet a laissé une somme sur ces peaux d’arbre, fruit d’une décennie de voyages à travers le monde (éditions Ulmer). Voici une autre approche : le peintre François Cabrit (né en 1953) leur a aussi consacré sa dernière série après avoir travaillé sur des scènes de rue, des intérieurs ou des paysages. Il privilégie ici des plans serrés, qui permettent de saisir la matière des arbres. Sans reflet : plutôt qu’à l’huile, c’est avec l’ancienne technique de la détrempe sur toile, qui fleure bon la Renaissance (tout comme la technique impeccable) que sont rendus ces troncs noueux, creux, moussus, enlacés.
• François Cabrit est présenté à la galerie d’Est et d’Ouest (1, rue Francis de Pressensé, 75014 Paris), jusqu’au 2 juillet 2011.
LIVRES
Le maya dans le texte
Si les Incas n’avaient pas d’écriture, les Mayas en étaient, eux, pourvus. Le déchiffrement de ces signes hiéroglyphiques a été l’une des grandes aventures épigraphiques du XXe siècle, avec des personnages hauts en couleur, de Youri Knorosov, qui s’initia aux glyphes à la bibliothèque de Dresde, en tant que soldat de l’Armée rouge et qui ne voyagea jamais au Mexique, à David Stuart, qui fit faire un bond de géant au décryptage avec une intuition fulgurante à l’âge de 16 ans, en 1981. Ce manuel ne se veut pas un abrégé historique de cette quête non encore achevée mais plutôt une initiation aux glyphes les plus fréquents : comment les reconnaître, quelles sont leurs significations et leur symbolique, comment les associer aux grands moments de la vie de la cité maya ?
• Ecriture maya, de Maria Longhena, Flammarion, 2011, 180 p., 24,90 €
BRÈVES
LONDRES – La traditionnelle exposition d’été (Summer Exhibition) de la Royal Academy of the Arts, qui se tient depuis 1769, est ouverte du 7 juin au 15 août. Considérée comme l’une des plus grandes expositions d’art contemporain, elle rassemble plus de mille œuvres.
LONDRES – Un café parisien, vendu chez Christie’s, a battu le record pour un tableau d’Ilya Répine en étant adjugé à 4 millions £ (4,5 millions €) le 6 juin 2011.
MEXICO – La collection de quelque mille œuvres de Frida Kahlo, rendue publique il y a deux ans et aussitôt considérée comme douteuse par certains experts, a été reconnue comme authentique par la justice mexicaine.
PARIS – Designer’s Days, le « parcours parisien du design », se tient du 16 au 20 juin 2011, dans une trentaine de lieux différents, sur la thématique « Conversations ».